Ton Corps
Texte Hans Limon. Photographies Julie Peiffer. Octobre 2017
Ton corps est clair comme un désert de Sonora,
radical au regard, trop rude à l'odorat.
Les replis de ta chair soulèvent les cactus
et ta vulve s'acharne à singer le rictus.
Or moi je te pilonne avec mon bâton raide.
Ton corps est un cortège où de vieux Mariachis
poussent la chansonnette ou dorment avachis
sur des lits de langueur traînés par des traînées
sous un soleil maya déclinant les journées.
Or moi je te fredonne avec mon air de guivre.
Ton corps ondoie comme un océan pacifique
où se mire à l'envi la barge trois fois rousse
au gré du vent lutin soufflant sur l'ample mousse
des psaumes déplumés pour un soir terrifique.
Et moi je te sillonne avec mon bateau ivre.
Ton corps est un tombeau de marbre séculaire,
un palais de plaisirs sous des langues de terre
où les bergers du val aiment à s'endormir
en dépit du massacre, à défaut de gémir.
Et moi je te pénètre en buvant mon remède.
Ton corps est un refuge ouvert aux clandestins,
le cloaque azuré des tragiques destins.
Ton sanctuaire humide offre tant à louer
qu'on ne sait plus vraiment à quel sein se vouer.
Or moi je te supplie comme on baiserait l'ombre.
Ton corps est une châsse un peu trop bien gardée,
un caméléon vide, une frasque fardée
pour la noce de bois des amants malheureux,
pour l'atroce convoi des torts cadavéreux.
Laisse-moi pour le moins m'en sortir sans encombre."
H. Limon
