Celle que l'on choisit
Chanson Hans Limon. Photographies Julie Peiffer. Août 2017
(chanson)
pas la peine de me pondre un clocher
je ne te laisserai pas me toucher
je prends la route je quitte la ronde
ce soir je déserte les clichés
j'étais la seule j'étais l'unique
la clé de voûte la pure logique
tu m'avais chopé des comètes
pour m'en faire des robes des tuniques
tu voulais m'écrire tout un drame
y graver ta chair et mon âme
j'étais la Reine j'étais divine
mais la seconde après ta femme
alors je trace je me tords je me tire
parce que je veux être celle qu'on choisit
je veux un minus je veux un transi
celle qui vaut mieux celle qui vaut plus
la chère et tendre qui n'a pas de prix
moi je veux être celle que tu choisis
ta petite puce ton ecstasy
celle qui te promène quand tu prends le bus
celle qui donne du poivre à ta vie
j'ai tapé du poing sur la table
j'ai vomi ton piège éjectable
je ne m'en suis toujours pas relevée
je pleure je pleure c'est pitoyable
j'ai démonté toutes les trotteuses
qui tremblaient comme des malheureuses
j'ai dessiné sur les cadrans
ta caboche à la sulfateuse
je voudrais dire au monde entier
l'amour la peur et la pitié
qui se bagarrent tout au fond de mon cœur
mon cœur qu'on étouffe d'amitié
pourtant je me casse je sors je me tire
parce que je veux être celle qu'on choisit
celle qui fait rougir l'amnésie
celle qu'on poursuivra n'importe où
mais n'importe où c'est par ici
moi je veux être celle que tu choisis
ton hydromel ton ambroisie
celle qui l'emporte sur toutes les belles
celle qui t'emporte au Paradis
si Cupidon crève affamé
tant pis pour lui : comptoir fermé
j'irai me faire tatouer sur le bras
"tu n'aimeras plus jamais jamais"
il faudrait colmater mes failles
aspirer mon deuil à la paille
sonder la perte compter les morts
comme au soir d'une sanglante bataille
la mosaïque de mes regrets
m'empêche de voir le jour d'après
je marche et parle à reculons
je cherche à fuir malgré malgré
puis je me fracasse je meurs de rire
parce que je veux être celle qu'on choisit
celle qui provoque la frénésie
qui chante qui chiale qui charme qui choque
plus qu'un concert de Valkyries
moi je veux être celle que tu choisis
quitte à refaire l'anesthésie
quitte à repartir en Enfer
mais l'Enfer bébé c'est la vie
sous ma couronne de chrysanthèmes
l'espoir chantonne de longs poèmes
quitte à refaire les mêmes conneries
je ne veux qu'une chose : toujours la même
je veux qu'on m'aime
qu'on m'aime encore
qu'on m'aime d'abord
comme un baptême
comme un blasphème
comme un pari"
H. Limon

Modèle Lyana